"Dans la matière dont nous sommes pétris, dans sa plus profonde impureté, se trouve un principe d'amertume, qu'adoucissent les larmes seules. Si, chaque fois que les chagrins nous assaillent, nous avions la possibilité de nous en délivrer par les pleurs, les maladies vagues et la poésie disparaitraient. Mais une réticence native, aggravée par l'éducation, ou un fonctionnement défectueux des glandes lacrymales, nous condamnent au martyre de l'œil sec. Et puis les cris, les tempêtes de jurons, l'auto-macération et les ongles implantés dans la chair, avec les consolations d'un spectacle de sang, ne figurent plus parmi nos procédés thérapeutiques. Il s'ensuit que nous sommes tous malades, qu'il nous faudrait à chacun un Sahara pour y hurler à volonté, ou les bords d'une mer élégiaque et fougueuse pour mêler à ses lamentations déchainées nos lamentations plus déchainées encore. Nos paroxysmes exigent le cadre d'un sublime caricatural, d'un infini apoplectique, la vision d'une pendaison où le firmament servirait de gibet à nos carcasses et aux éléments."
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