"Personne n'était là pour la réveiller lorsqu'elle faisait ces cauchemars délirants. La nuit, ses émotions cachées s'époumonaient de chagrin, écartelaient les moindres pores de sa peau et balafraient son visage d'absurdes convulsions endormies. Mais ces aliénations d'inconscient n'étaient que de paisibles égarements comparés aux étourdissements des matins qui suivaient. Celui-ci en particulier. Les yeux à demi ouverts, elle se mit à réaliser que l'accalmie s'était glissée dans les souvenirs. Une bruine de songes la tira vers la vérité de son présent, triste évidence qu'aucune couette de sauvetage ne pouvait effacer. Une fois les yeux réveillés, les remords se bousculaient sur le large divan de ses névroses. Ce qu'elle avait dit, ce qu'elle avait fait, ce qu'elle avait englouti, elle ne s'en rappelait que très peu, mais elle sentait les tourbillons biologiques de son corps qui, tout en travaillant ses organes, lui démontraient sa faiblesse. En se levant elle trébucha sur la bouteille d'eau qui s'était déversée sur le sol de son appartement. Ce sol si froid, d'un bleu vide et silencieux qu'elle détestait regarder. Elle haïssait cette couleur. Elle lui rappelait son incapacité à admirer le ciel des beaux jours, celui qui la confrontait à ses vertiges de désespoir. Lever la tête lui donnait la nausée. Elle se contenta donc de baisser les yeux sur son céleste enfer azuré et s'allongea par terre. Alors que les flammes du linoleum lui léchaient le corps, elle plongea goulument son regard dans le plafond tourbillonnant et tenta de reprendre le contrôle."
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire